Magnifique interprétation

LAUDI DE HERMANN SUTER

Samedi soir à l’église du Collège St-Michel, après deux représentations à La Chaux-de-Fonds, le choeur symphonique Cantabile et l’Accroche-Choeur de Fribourg ont présenté, sous la direction de Jean-Claude Fasel, Le Laudi di San Francesco d’Assisi, du compositeur suisse Hermann Suter. Ecrite entre 1923 et 1924 pour le 100e anniversaire du Gesangverein de Bâle, cette oeuvre s’inspire du Cantico del Sole de saint François d’Assise, dans lequel ce dernier exprime tout son amour pour la nature et les créatures de Dieu.

Considérée comme l’un des grands oratorios du début du XXe siècle, l’oeuvre saisit d’entrée avec le ténor, Angel Pazos, qui entonne seul une hymne inspirée du plain-chant. Le choeur, l’orgue malheureusement un peu noyé dans la masse sonore et l’orchestre répondent en alternance au soliste pour finir en un tutti magistral. Quelques interventions des enfants de la chorale Numa-Droz de La Chaux-de-Fonds viennent ajouter une belle clarté à l’ensemble.

Le deuxième tableau est empreint d’une atmosphère très particulière. Un mouvement perpétuel aux violons et différents mélanges de timbres créent un fond sonore donnant l’image d’un monde vaste et calme. Si le deux solistes féminines n’ont pas forcément convaincu, Angel Pazos malgré quelques aigus poussés et l’imposant Michel Brodard ont donné une très belle prestation.

Quatre tableaux présentent ensuite les quatre éléments : l’air, l’eau, le feu et la terre. L’air est évoqué dans la troisième partie par une tempête qui balaie le calme du mouvement précédent. Un retour de la sérénité dans le quatrième tableau dépeint un côté « aimable et tranquille » de l’eau. La partie centrale traite du thème du feu, souligné par une direction intense de Jean-Claude Fasel, tandis que le sixième tableau s’adresse à la terre. Ensuite, on invoque tantôt des êtres doux, le Jugement dernier ou encore un chant de gratitude.

Nuances respectées

On aurait pu craindre qu’une masse aussi imposante mette à mal la précision et la souplesse de l’exécution. Ce ne fut pas le cas. Les choristes attentifs ont suivi avec un grand soin la direction de Jean-Claude Fasel. Les nuances et les tempi souvent changeants ont été très bien respectés par l’ensemble. Le public a pu apprécier la belle fusion des voix, malgré quelques aigus parfois un peu durs chez les sopranos, qui se retrouvent régulièrement dans une tessiture haute. L’orchestre a également livré une excellente prestation, même si quelques soucis d’intonation se sont notamment ressentis chez les bois.

Les quelque 300 interprètes emmenés par Jean-Claude Fasel ont offert aux auditeurs un concert impressionnant et magnifique. Une oeuvre formidable aux caractères et effets multiples, parfois un peu pompeux dans les forte, mais qui a conquis le nombreux public.

Gonzague Monney