Après un premier disque de chants de Noël il y a dix ans, l’Accroche-Choeur de Fribourg récidive avec «Noël des anges»
Que serait Noël sans Douce nuit ou Les anges dans nos campagnes ? Elle serait semblable à un hiver sans neige… L’Accroche-Choeur de Fribourg, conduit par Jean-Claude Fasel, livre un superbe disque de chants de Noël, brassée de flocons musicaux. Pour l’ensemble de Fribourg, c’est en réalité une récidive. En 1997 déjà, il avait publié un enregistrement – sobrement intitulé Noël a capella – et qui est parmi les meilleurs disques du genre.
Rebelote avec ce beau Noël des anges. C’est de l’art vocal dans ce qu’il a de plus naturel et chaleureux. Grâce,à un sens de la voix efficace, Jean-Claude Fasel réussit à éclairer d’une manière nouvelle des pièces très connues. Il est une musicalité naturelle, dans ces interprétations, qui offre un éclat particulier à ces enluminures naïves et touchantes. Les choix du chef marient les pièces traditionnelles (Les anges dans nos campagnes, Noël nouvelet, Jésus est né, Puer natus in Bethleem) avec des oeuvres plus récentes, comme la très belle Couleur des rois de Gesseney-Rappo/Lauper ou l’inspirée Nuit de Noël de Volery/Duccarroz.
Comme dans ce pays, la musique de Noël n’aurait pas la couleur qu’on lui connaît sans Joseph Bovet, il était naturel que plusieurs de ses compositions et arrangements soient présents dans cet enregistrement. Le Tsalandè, rendu avec conviction,par leténor :Olivier Despont, côtoie le Noël de Simon, dont la mélodie d’une limpide simplicité éclaire le caractère intemporel de la Nativité. Quant au Noël de Grandvillard; composé par Bovet dans le cadre du festival Chante Grandvillard en 1935, il est une heureuse redécouverte qui oscille entre le chant «symphonique» des anges et la prière intérieure des bergers. Autre surprise, la version de Minuit, Chrétiens: alors que ce chant aux allures conquérantes, porté par un texte d’un autre temps, aurait pu faire tache dans le paysage de ce CD, le subtil arrangement de Jean-Claude Fasel lui offre un caractère plus effacé, qui souligne son immortelle mélodie.
Bonheurs oubliés
Si la qualité des interprétations et la beauté du chant de l’Accroche-Choeur, toujours impeccable de justesse, de fusion et de style, doivent beaucoup à l’attraction auditive que suscite ce disque, on peut aussi s’interroger sur la,magie qui émane de ces chants de Noël. Tel est le propos de la préface du livret, qui tente de définir le climat particulier de ces musiques accompagnant, au soir de décembre, le rappel de la naissance de l’Enfant. C’est que ces chants sont le miroir d’une foi ancestrale et l’expression d’une âme populaire. Et s’ils réchauffent les coeurs les plus indifférents, n’est-ce pas à cause de leur capacité à ressusciter les bonheurs oubliés de l’enfance, à éclairer la mémoire de nos crèches personnelles?
Pour avoir bien saisi ces réalités plus affectives et rendu l’esprit de ces musiques atemporelles, l’Accroche-Choeur transforme ce Noël des anges en une fête à lui seul.
Patrice Borcard