Cent choristes, autant de musiciens: le Requiem allemand de Brahms a franchi une nouvelle étape dimanche à la salle de musique de L’Heure bleue. Une étape éclatante de piété et de jeunesse.
Tout d’abord l’ensemble vocal L’Accroche-choeur de Fribourg apparaît saisissant de malléabilité, de somptuosité sonore. On admire la moelleuse plasticité de l’imposant ensemble, la clarté d’élocution, la précision, les ressources de nuances.
Au fil de l’exécution, l’équilibre entre l’Orchestre symphonique suisse de jeunes et le choeur acquiert une transparence magnifique. Le geste édifiant du chef Kai Bumann vise à donner à chaque partie de l’oeuvre, sa propre expression. Il varie les éclairages des textes, méditatifs ou célébrant la félicité de la vie éternelle.
Courageux, face à une telle oeuvre interprétée par un orchestre d’étudiants ou débutants dans la carrière, Kai Bumann se plaît à faire saillir des détails de l’orchestration. Tel trait des registres des bois, des cuivres, telle intervention de la harpe ou encore des timbales si importantes ici, retiennent l’attention. Il maintient les premiers violons dans la discrétion et cela en faveur des deuxièmes violons, des altos, des registres graves. Il obtient ainsi une sonorité plus feutrée, de deuil.
Emouvants, Angela Kerrison, soprano, et Simon Schnorr, baryton, ont apporté un intense crescendo à la pulsation dramatique ambiante.
Kai Bumann a placé les solistes au centre du choeur de façon à ce que leurs voix paraissent émaner de la masse chorale, comme le voulait Brahms qui voyait là le moyen d’affirmer la permanence de l’individu au sein d’une communauté.
Denise de Ceuninck