Dirigé par Jean-Claude Fasel, l’Accroche-Choeur a signé une belle interprétation samedi en l’église du collège Saint-Michel.
L’oratorio Le Roi David, donné ce week-end en l’église du Collège Saint-Michel par L’Accroche-Choeur et son chef Jean-Claude Fasel, restera assurément dans toutes les mémoires : un orchestre sans faille malgré le découvert délicat de chaque instrumentiste – il faut admettre que cet ensemble ad hoc comportait une distribution de rêve – un choeur on ne peut mieux préparé et qui a eu le mérite de citer les quelques renforts qui l’ont augmenté par pur plaisir, des solistes inspirés qui jamais ne se sont départis du ton juste, des récitants magnifiques et terribles à la fois. Bref, sans mentir et de l’avis unanime : un concert mémorable ! Il est rare que l’acoustique diabolique de Saint-Michel soit totalement apprivoisée tant il est difficile de trouver le juste équilibre entre les masses chorales et orchestrales, entre les soli et le tutti, il faut cependant admettre que l’église n’a jamais aussi bien sonné que samedi soir. Les textes, ici de grande importance de par leur aspect déclamé, furent magistralement rendus par Yann Pugin – bien que sa palette sonore s’appauvrisse cruellement dès qu’il s’emporte en élevant le ton. Que dire de l’unique tirade de Véronique Mermoud en Pythonisse ? Que les murs ont tremblé sous la force de sa voix, à faire taire les vivants et réveiller les morts. Quant aux solistes, Blandine Charles et Brigitte Ravenel, elles furent remarquables par la beauté de leur voix, en parfaite adéquation avec l’orchestre, quelque peut en retrait toutefois de la prestation mystique de Christian Reichen : un ténor extatique, hors de toute contingence technique tant il semble mettre sa voix au seul service du texte. En tous points remarquable. Aucun de ces acteurs ne se serait pleinement réalisé sans la présence du chef et de ses voix. On reproche souvent aux chefs de choeur de ne s’occuper que de leurs choristes parfois à défaut de connaître les instrumentistes : il n’en est rien de la direction de Jean-Claude Fasel. Concise, précise et efficace, sa gestuelle donnait l’illusion de se retrouver en 1921, Honegger au pupitre, lui dont on vantait ces mêmes qualités. Et pour quel résultat sonore ! On en vient à regretter que le pianiste répétiteur ne prenne jamais la baguette – ne serait-ce à une scolaire – pour proposer une autre vision de la musique, plus incarnée (…)
David Augustin Sansonnens