L’ensemble vocal a emmené son auditoire à la découverte de la Vierge.
Tendre et inspiré, l’Accroche-Choeur illuminait, samedi soir à l’église du Collège St-Michel, un répertoire universel en l’honneur de Marie. Sous la direction admirablement nuancée de Jean-Claude Fasel, les registres masculins ouvrent, en trois temps, un espace sonore atemporel avec ses antiennes grégoriennes à la ferveur lyrique.
La première étape étant la Renaissance, un «Salve Regina» de Vittoria et un «Stabat mater» de Palestrina se succèdent. Empreint de générosité vocale, le contrepoint est plus romantique que limpide, alourdi par quelques imprécisions rythmiques. La scission du grand choeur, en deux formations égales d’une trentaine de chanteurs, contribue toutefois à la lisibilité aérienne des répons du «Dixit Maria» subséquent, de Hassler.
Quant au «Deutsches Magnificat» pour double choeur de Schütz, la rigueur des consonnes germaniques dynamise et canalise la pâte chorale, affinant la profuse résonance des timbres au profit d’un phrasé qui s’envole enfin.
L’enchantement ne fait que débuter. Introduisant l’étape romantique, un «Salve Regina» schubertien, étonnamment classique, est illuminé de l’intérieur par l’intime tendresse des choristes. A une version élégante d’un «Bogorodistye Dyeva» de Rachmaninov ne manque que la profondeur, inouïe dans nos contrées, des véritables basses russes. Les dissonances néoromantiques de Bruckner sont magnifiquement résolues dans un élan symphonique. Et les registres féminins, louant Marie dans une sobriété émotionnelle virginale, inhabituelle chez Verdi, dégagent une pureté joyeuse.
Le XXe siècle sera tout d’abord transparent, avec un «Salve Regina» ailé de Poulenc, dont les consonances modales rappellent Fauré. Un émouvant «Hymn to the Virgin» de Britten déploie des fastes concertants, réminiscents des somptueux anthems de Purcell. Avec la magie sonore d’interprètes talentueux, l’ensemble développe une belle ampleur chorale, tout en conservant une simplicité expressive poignante. Une émotion épurée qui se concentre à l’extrême dans les entrelacs coloristes du «Magnificat» contemporain d’Arvo Pärt. Le voyage marial s’achève avec une touchante «Nouthra Dona di Maortsè» de Joseph Bovet.
MARIE ALIX PLEINES